Une organisation hierarchiséeComme toute la société nippone, il est évident que les
Ninja et les
Samuraï rentrent dans une organisation très stricte, obéissant à des règles souvent immuables.
Tout d'abord, chez les Samuraï. Le plus souvent, on ne peut rentrer dans cette caste qu'en faisant soi-même partie d'une famille de guerriers. Il est né ainsi de grandes lignées de Samuraï, comme celle des Takeda. Il existe aussi d'autres méthodes, comme l'adoption. Un jeune garçon peut être adopté par un membre d'une famille de Samuraï, qui lui donnera déjà un nom de famille (très important dans une société où seules les nobles ont un nom). Et il héritera peut-être de ses titres et si il en possède une, de son école.
Le rôle principal du Samuraï est de protéger son
Daimyo (un propriétaire terrien, pour simplifier). L'organisation d'un fief est donc simple : au sommet, le
daimyo, en dessous sa garde rapprochée (souvent constitué par ses maîtres d'armes) et encore en dessous Ses
samuraï. Ces derniers lui sont dévoués corps et âme, et il a droit de vie et de mort sur eux (comme les Samuraï ont le droit de vie et de mort sur les paysans constituant le fief). Mais les Samuraï sont aussi indirectement au service du
Shogun, voire de l'Empereur, puisque le Shogun est une sorte de "Premier Ministre", qui a usurpé le pouvoir à l'Empereur à partir de 1600.
Si un
Daimyo se fait tuer (ou s'il doit se faire
seppuku), ses
samuraï se retrouve donc sans emploi. Il en est de même si leur
Daimyo décide de les bannir. Ils deviennent alors des
ronin. Mais être
ronin n'est pas toujours synonyme de déchéance. Un jour, un seigneur devait choisir entre deux guerriers pour désigner son garde du corps. L'un d'eux étant blanc comme neige, et la seule raison qui l'obligeait à devoir choisir un nouveau maître était la mort de son ancien Daimyo. Le second avait été disgracié par cinq fois. Le Daimyo choisit néanmoins le second. Quand son bras droit lui demanda pour quelles raisons il avait choisi cet homme là, le maître répondit qu'un samuraï ne peut être jugé digne de confiance qu'après avoir été fait au moins sept fois ronin...
Bref... Parlons un peu des
Ninja. Là c'est un peu plus compliqué. D'une part du fait du besoin de secret inhérent aux clans ninja, et d'autre part parce que les sources écrites sont relativement rares.
Néanmoins, les clans sont organisés en trois catégories (désolé, j'ai pas les noms japonais). A la base, les exécutants. En général ce sont eux qui effectuent les différentes missions confiées par les seigneurs. Au niveau moyen on a les intermédiaires, qui servent de relais entre les chefs de clan et les exécutants. Ainsi, les executants ne connaissent jamais l'identité des décideurs, et s'ils se font capturés, ils ne peuvent rien dire (d'autant plus qu'en général ils étaient souvent suivis par une seconde équipe, chargée de les exécuter en cas de capture/échec.
A la différence des
Samuraï, les ninja vivent le plus souvent dans les montagnes (comme les
Yamabushi, les pratiquants du
Shugendo), encore une fois par besoin de secret, mais aussi pour cultiver leur mode de vie.
Mais la vie d'un
ninja n'était pas non plus de tout repos... Car comme les
Samuraï, leur entraînement était très dur, mais j'en parlerai un peu plus loin. Une histoire nous rapporte que pour savoir si leur progéniture allait être assez forte ou non, les clans de ninja n'hésitaient pas à les balancer au fond d'un puits. Si il remontait, il restait en vie sinon... tant pis...
Des techniques pour tuerDans ce paragraphe, je vais quelque peu parler des différentes techniques utilisées par les guerriers japonais, mais aussi des tactiques utilisées, qui sont complétement différentes chez les pratiquants de la Furtivité que chez les Serviteurs... et peut-être montrer que la lacheté dont les premiers sont souvent qualifiés vient de ce besoin d'agir "caché".
Tout d'abord, un point commun : que l'on soit
samuraï ou
ninja, l'entraînement prend une place considérable dans la vie. Et ce dès le plus jeune âge. Les deux doivent apprendre à faire de leur corps une arme, et à se servir de lui pour tuer. Car même si à partir des
Tokugawa on parle d'une "période de paix", il ne faut pas oublier que derrière cette paix au niveau de l'Archipel, des tensions existaient toujours entre différents seigneurs, de même qu'entre certains
rônin/samuraï.
Mais comment se battaient-ils ? Et avec quelles armes ? C'ets un vaste sujet, que je vais essayer de résumer de manière relativement concise mais néanmoins fidèle.
Les
Samuraï étaient traditionnellement formés dans 14
Bugeï (techniques de la guerre). Parmi eux, on trouve l'art du sabre (
Kenjutsu), l'art de la lance (
Yari-Jutsu), l'equitation (
Bajutsu), les technique de corps-à-corps (
Ju-Jutsu), etc... En plus de cela, et particulièrement après 1603, tout bon samuraï devait savoir calligraphier, faire des arrangements floraux (
ikebana) ou encore se spécialiser dans le
Sadô (la Voie du Thé). J'entend déjà les railleurs dire que c'est bien loin des occupations d'un guerrier. Mais comme je l'ai dit à plusieurs reprises, les
samuraï vivent dans une société où le paraître est important, et surtout où les guerres sont de plus en plus rares. C'est d'ailleurs dans ce climat que les premères écoles de "Voie Martiale" (dô) vont se développer, de même que les premières pierres de ce que l'on appelle désormais la voie du Guerrier, le
Bushidô...
Les Ninja quand à eux étaient aussi formés dans ces 14
Bugeï, ce qui est somme toute logique, puisqu'ils étaient aussi amenés à se battre avec ces armes. Mais on ajoute couramment 14 autres
Bugeï, plus spécifiques aux Ninja, parmi lesquelles on trouve les techniques de camouflage, le maniement des explosifs, des armes à feu ou encore celui du ligotage.
Mais comme la survie des Clans Ninja résident dans les capacités de leur membres, il va de soit que les techniques "du paraître" n'avaient pas leur place. Un Ninja doit avant tout être une arme, au service de son Clan. Néanmoins, il ne faut pas croire qu'ils étaient des brutes sans cervelles. Eux aussi répondait à un code d'Honneur, et suivait leur propre voie, le
Ninpô...
Quand est-il donc des tactiques ? Là aussi, elles sont radicalement différentes. Il est de tradition pour les
Samuraï de ne se battre qu'en duel déclaré, où chacun énonce son nom, son école, etc... Pourquoi des duels ? Tout simplement parce qu'un
Samuraï doit servir son Maître, et donc ne peut pas se permettre de mourir inutilement. Il est bien sûr évident qu'ils existaient des combats de mêlée, mais on utilisait plutôt de la "chair à pâtée".
Quand aux Ninja, ce n'est pas du tout pareil. Un ninja n'opère que rarement seul, il est en général en groupe (qu'il le sache ou pas d'ailleurs).
Il est aussi habituel qu'un Ninja passe plusieurs jours, semaines, mois dans la peau d'un humble commerçant, de façon à observer, ou à connaitre les habitudes de ses futures victimes. Et bien entendu, quand il a décidé de fondre sur sa proie, il ne fait pas dans la fioritude, et il préfère attaqué de dos que de face. D'une parce que ca donne un effet de surprise, et de deux car, il ne faut pas se leurrer, dans un combat sabre contre sabre avec un
Samuraï, le
Ninja n'a que peu de chance de survivre. Et une fois son forfait accompli, le
Ninja utilise toutes les ruses qu'il a apprises pour se faire passer pour un magicien. Doué de capacité de contorsion exceptionnelle, il leur suffit d'avoir préalablement préparé un trou dans un mur, et il s'y faufile aussi sec. Ou encore, il peut se faire passer pour un démon. Etant donné que les Japonais étaient très crédules, il leur suffisait de lancer de la poudre qui explosait dans un nuage blanc, et de passer un masque de
Tengû... ça peut faire rire, mais c'était très efficace. Je ne vois pour ma part aucune lacheté dans ceci... C'étaient un peu les Sam Fischer de l'époque !!!
Comme j'ai essayé de le montrer, ces deux types de guerriers excellaient chacun dans leur domaine. Et on ne peut pas dire que l'un ou l'autre soit plus doué, plus lache, ou plus courageux que l'autre...
Bushido : mythes et réalitésRapide petit point pour apporter quelques précisions sur ce Code, et donné une interprétation plus personnelle...
Tout d'abord il faut savoir que le premier ouvrage japonais sur ce code date de... 1945. Et il a été écrit à la base pour les Américains, avec comme but de montrer que les Japonais et leur civilisation repose sur un code traditionnel... Son nom ? "Bushidô, l'âme du Japon".
Une trace plus ancienne de ce Code se retrouve dans le
Hagakure, rédigé lui au XVIIème siècle. Et c'est en fait vers cette période que l'on peut estimer que les premières bases d'un Code furent posées. Et ce pour une raison toute simple : amener les
samuraï en manque d'action à reprendre une pratique de la Voie. Mais il est indéniable que même avant la rédaction de ce
Hagakure, les guerriers nippons devaient obéir d'une façon ou d'une autre à un certain code, comme en avait les Chevaliers Européens ou les Templiers Chrétiens.
La première phrase du Hagakure est celle-ci :"j
'ai compris que la Voie du Samuraï se trouve dans la Mort". Et à partir de là, on en est venu à dire que les
Samuraï méprisés la Mort. Je pense qu'il y a une erreur d'appréciation. Plus que la mépriser, il faut comprendre que les
Samuraï devaient apprivoiser l'idée de la mort. Une fois ceci fait, ils pouvaient vivre chaque instant comme si c'était le dernier. Ca semble tout simple, mais cela veut dire qu'une fois ceci fait, ils peuvent aller au combat sans craindre de mourir, et ainsi "se donner à fond".
Mais en ce qui concerne le
Bushidô dans l'acceptation que l'on a actuellement ,il s'agit avant tout d'un idéal, vers lequel devait tendre tout guerrier. Et je ne pense pas qu'il ait été beaucoup appliqué, surtout quand on voit tout ce que cela implique... Néanmoins, le
Hagakure est un livre que je conseille à toutes et tous les pratiquant(e)s (voire à toutes celles et ceux qui s'intéressent à la pensée nippone)...