Avant toute chose, je tiens à dire que j'ai posté cet article pour un autre forum, donc j'espère que ca ne dérangera pas trop notre chèr(e) webmestre que je le colle ici ! Petite précision sur les termes "dô" et "jutsu".Vous avez sans doute remarquer que dans la majorité des arts japonais, et pas seulement martiaux, on trouve le suffixe "
dô". Le Sa-dô est le terme qui désigne la cérémonie du thé, que l'on traduit par "voie du thé". L
'Onmyô-dô est la voie du
In-Yô, le Yin-Yang au Japon. Et bien entendu,
Judô (voie de la souplesse) ou
Karate-dô (voie de la main vide). Ce suffixe "dô" désigne la Voie, au sens du chemin pour réaliser quelque chose. Dans les arts martiaux, le but n'est pas de vaincre un tiers, mais de se vaincre soi-même. On pratique une Voie pour s'améliorer.
A l'inverse, le suffixe "jutsu"-art- représente la technique. Le
Ju-jutsu, le
Karate Jutsu, le
Ken-jutsu, sont des moyens de vaincre avant tout un adversaire.
On assiste dans l'évolution des
bujutsu (les arts martiaux nippons) à une transformation en
Bu-Dô. Des techniques pour faire la guerre, on cherche une voie pour s'améliorer, et améliorer les autres. Mais les deux termes ne sont pas opposés. En effet, même dans les arts (
jutsu), on trouve une Voie. Par exemple, en ôtant la vie à ce guerrier, je permet à mon clan/famille/groupe de survivre. Et toute Voie trouve ses origines dans un
jutsu. On en voit un très bel exemple dans le
Iaidô, j'en parlerais plus loin. Bref, après ce passage très philosophique, entrons dans le vif du sujet... enfin sur le fil de la lame...
L'art du sabre : le KenjutsuTout le monde a du entendre ce terme au moins une fois dans sa vie, et il désigne tout simplement l'art de manier le sabre. Néanmoins, le kenjutsu se divise en au moins deux catégories.
-> le
Kenjutsu pur, à savoir les techniques de sabre une fois celui-ci dégainé. Il existait un nombre incalculable d'écoles pratiquant les techiques de sabre. On les estime à plusieurs centaines. De nos jours quelques
Ryu-ha, comme la
Katori Shintô Ryu (spécialisée dans les armes) enseignent encore l'art d'utiliser le sabre (mais sur cible, pas sur des vrais gens).
-> le
Iaijutsu. Petite mise en scène. Imaginez vous dans une salle de 8 tatami, au milieu du XVème siècle, près d'Edo. Il fait nuit, la lune est pleine. Une légère brise fait vibrer vos shoji, et vous êtes en seiza, entrain de méditer. Votre sabre se trouve sur votre gauche, lame vers l'exterieur. Vous percevez un bruit de pas, qui essaie de se faire le plus discret possible, mais n'y prêtez pas attention. Tout à coup, vous entendez le son d'une lame tirée de son fourreau, et un rayon de lune éclaire la lame d'un bleu surnaturel, et vous la voyez prête à s'abattre sur votre tête. D'un geste prompt et précis, vous saissisez votre sabre, et tout en dégainant, vous tranchez la gorge de votre adversaire.
C'est ce qu'on appelle le Iai-jutsu : l'art de dégainer et de frapper dans le même instant.
Quand la lame vibre en "dô".Lorsque arrive la Paix Tokugawa en 1603, la majorité des conflits vont perdre de leur intensité, pour presque disparaître. Les maîtres des écoles martiales, ayant peur que leur savoir ne se perdent, décident de faire évoluer leurs techniques pour qu'elles s'acordent plus avec les intérêts de leur temps, notamment une plus grande recherche personnelle. L'usage du sabre étant de moins en moins utile, ils vont inventer le
shinaï, sabre composé de quatres lamelles de bambou, permettant de se frapper sans se blesser. A partir de là va se codifer une nouvelle perception du sabre : le
Kendô.
-> Le
Kendô : Comme je l'ai dit à l'instant, le shinaï va remplacer le sabre, en tout cas lors des entraînements basiques. Au fur et à mesure de l'histoire, les codes régissant la Voie du Sabre vont se rigidifier, pour finalement donner le Kendô pratiqué actuellement. L'armure est composé d'un casque, d'un plastron et de gant, et il n'existe que quatres frappes :
Men (la tête),
Kote (le gant),
Do (le flanc) et
Tsuki (attaque à la gorge). De plus, les pratiquants doivent nommer la partie qu'il vise au moment de l'impact.
Bien que les percpetions différent de la pratique avec un vrai sabre (beaucoup moins de règles... logique puisqu'on cherche à éliminer son adversaire, poids, etc...) l'esprit reste le même, notamment pour la validation du point. En effet, il faut qu'il y ait
Ki-Ken-Tai-Ichi,"energie, sabre corps, un seul". En clair : il faut que le corps, le sabre et l'energie soient réunis au moment de l'impact.
Il est à noter que lors des
kata, on peut aussi utiliser un
bokken, sabre en bois.
-> Le
Iaido : "Voie de l'union des Energies". Comme le Kenjutsu a evolué en Kendô, le Iai a aussi eu son évolution, il s'agit du Iaidô. mais là, pas de partenaire, rien du tout. On est seul face à soi-même, avec son sabre comme seul repère. Le travail se fait à l'aide de différents kata, réunis au Japon sous le nom de
Seitei Iai (en tout cas, pour le Iaido de la ZNKR). Une très grande experience, qui semble facile quand on la regarde, mais très difficile quand on la pratique. A noter que le Iaido se pratique le plus souvent avec un Iaito, sabre non affuté.
-> le
Battodô : il s'agit d'un cas à part dans le schéma Kenjutsu/Iaijutsu, même si il combine les deux. En fait, le Battodô consiste essentiellement à faire du
Tameshigiri (coupe sur cible), donc avec un sabre affuté, aussi bien en Iai qu'en posture normale.
Voili pour un survol des arts du sabre au Japon... Ci-dessous quelques photos et vidéos.
Un assaut de Kendô
Coupe de BattôFinale des championnats du Japon de KendoIai en Katori Shinto Ryu